SYLVANUS FOREVER !

15 septembre – 15 octobre 2025 :
Mois des martyrs et prisonniers politiques du Togo
Le Capitaine EPOU, officier de la garde de KOFFIGOH, mitraillé après leur reddition, à l’intérieur de la Primature, par quatre soldats sur les ordres du Capitaine BITENIWE.
Le Capitaine TELOU, un des assaillants envoyé par EYADEMA, mitraillé par des rafales de la garde de la Primature en escaladant le mur d’enceinte, mort sur le coup
Militaires assaillants tués dans l’assaut sur la Primature. Au premier rang, le Lieutenant-colonel Toyi GNASSINGBE, demi-frère d’EYADEMA, touché par balles, mort en chemin lors de son évacuation sur l’Hôpital.

28 ans, 10 mois, 18 jours après l’assassinat de Sylvanus OLYMPIO lors du putsch du 13 janvier 1963 au Togo, survient le coup d’Etat contre les institutions de la transition qui s’achève avec les massacres de l’assaut sur la Primature le 3 décembre 1991 au terme desquels le Premier ministre KOFFIGOH est capturé et conduit à EYADEMA.

Le carnage se poursuit le 3 décembre 1991, lorsque les militaires donnent l’assaut à la résidence du Premier Ministre en défonçant le portail avec des chars.

La cinquantaine de militaires et gendarmes affectés à la protection du Premier Ministre riposte et résiste aux assaillants.

Avec l’assaut donné par les militaires envoyés par EYADEMA, ce sont des tirs d’obus incendiaires et d’armes lourdes qui se déchaînent sur le Palais du Premier ministre KOFFIGOH.

La puissance de feu des assaillants est telle que le Premier Ministre KOFFIGOH et sa garde décident de se rendre au bout de quelques heures de combat, face à la disproportion des forces en présence et au terme d’un gigantesque massacre.

KOFFIGOH, capturé, est conduit à EYADEMA qui met fin ainsi aux institutions de la transition telles que conçues par la Conférence nationale. On dénombre déjà de nombreuses victimes.

Parmi les militaires chargés de la protection du Premier Ministre, les survivants qui sont faits prisonniers sont froidement abattus, en violation de toutes les règles et conventions militaires.

Les putschistes subissent également de nombreuses pertes parmi lesquelles Toyi GNASSINGBE, le demi-frère du Général GNASSINGBE Eyadéma. Le chiffre officiel des victimes militaires est de 27. Mais la Commission Nationale des Droits de l’Homme avance le chiffre de 300 et d’autres sources indépendantes plus de 400.

Pour cette seule journée, le bilan des victimes est particulièrement lourd distinguant notamment :

  • d’une part, une vingtaine de morts environ parmi les soldats préposés à la garde du Premier ministre KOFFIGOH, sommairement abattus malgré leur reddition, sur les ordres du Capitaine BITENIWE parmi lesquels on compte notamment :
  • Le soldat TCHAOURO, accusé d’être un « traître » parce qu’il est originaire du nord Togo ;
  • Le Caporal AMAO, accusé d’être un « traître » parce qu’il est originaire du nord Togo ;
  • Le Sergent-Chef KOLANI qui, après l’exécution sommaire du soldat TCHAOURO et du Caporal AMAO proteste en faisant remarquer qu’il n’est pas légal d’abattre des prisonniers auprès du Capitaine Kouma BITENIWE qui se met en colère et, après lui avoir répondu : « KOLANI, tu m’emmerdes ! », dégaine son pistolet automatique pour tuer froidement ce sous-officier ;
  • Le Capitaine EPOU, mitraillé à l’intérieur de la Primature par quatre soldats sur les ordres du Capitaine BITENIWE. Son cadavre, transporté à la morgue, est nuitamment enlevé par les mutins à la demande d’EYADEMA qui veut le voir lui-même. A la fin de cette macabre « inspection », le corps est mutilé par des soldats qui tirent sur lui des rafales de mitraillette avant qu’un autre lui plante des coups de poignard de commando.
  • d’autre part, 300 morts environ parmi les assaillants aux ordres d’EYADEMA, chiffre indiqué par la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) au lieu du chiffre officiel de 27 militaires tués donné par le pouvoir, parmi lesquels on compte notamment :
  • Le Capitaine TELOU du Régiment commando de la Garde présidentielle (béret vert), mitraillé par des rafales de la garde assurant la défense de la Primature alors qu’il en escaladait l’enceinte, mort sur le coup ;
  • Le Lieutenant-colonel Toyi GNASSINGBE, demi-frère d’EYADEMA et officier de sinistre réputation, d’abord transporté par des soldats désemparés au Camp RIT après avoir été touché par balles, est mort en chemin lors de son évacuation sur l’Hôpital ;
  • enfin, plus d’une cinquantaine de morts environ, victimes des exactions militaires parmi la population civile.

Ainsi donc, la dictature s’est réinstallée au Togo depuis le putsch du 3 décembre 1991 et, à nouveau, le pays connaît depuis lors une recrudescence des violations des Droits de l’Homme.

Après la formation d’un gouvernement dit d’union nationale fin décembre 1991, la transition tente à nouveau de se consacrer à sa mission principale : la préparation d’élections « libres et démocratiques » devant doter le pays de nouvelles institutions.

Orchestrée et entretenue par des irréductibles qui s’obstinent à remettre en cause le processus démocratique, l’insécurité s’installe à nouveau.


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