SYLVANUS FOREVER !

15 septembre – 15 octobre 2025 :
Mois des martyrs et prisonniers politiques du Togo
Ancien vice-président du Togo,
assassiné en détention le 26 mars 1984
Antoine MEATCHI, (2e à partir de la gauche au premier rang, membre du gouvernement de Nicolas GRUNITZKY de 1963 à-1967

21 ans, 2 mois après l’assassinat de Sylvanus OLYMPIO lors du putsch du 13 janvier 1963 au Togo, survient l’assassinat en détention d’Antoine Idrissou MEATCHI, ancien vice-président du gouvernement installé au pouvoir suite à ce putsch.

Ancien dirigeant de l’Union des chefs et des populations du Nord (UCPN), inféodé au pouvoir colonial français contre les nationalistes dans la lutte pour la conquête de l’indépendance, Antoine MEATFCHI revient aux affaires comme vice-président et ministre de l’Economie et des Finances du gouvernement de Nicolas GRUNITZKY que les réseaux français de Jacques FOCCART installent au pouvoir après le coup d’Etat du 13 janvier 1963 lors duquel Sylvanus Olympio est assassiné.

A l’origine de la crise qui déstabilise ce gouvernement au début de l’année 1967, produit de rivalités , il est démis du pouvoir par le coup d’Etat du 13 janvier 1967 suite auquel Etienne EYADEMA est installé au pouvoir le 14 avril subséquent puis met en place son régime de parti unique en 1969.

C’est en juin 1982 qu’il est arrêté sous prétexte d’un détournement de fonds publics qu’il aurait opéré quelques 10 ans plus tôt dans l’affaire des silos de Togograin, une machination organisée en réalité pour le faire emprisonner.

Il est transféré, en novembre 1983, de Lomé à la tristement célèbre prison de Mango, dans le nord du pays, où elle est réputée pour ses conditions de détention très mauvaises, sur les directives d’EYADEMA qui, après avoir instrumentalisé le « Complot du 8 août 1970 » pour liquider les dirigeants nationalistes s’opposant à son pouvoir s’est attelé à se débarrasser des anciens responsables politiques proches de l’Etat français pour rester seul maitre à bord au Togo. Rival de Méatchi, Nicolas GRUNITZKY s’est reconverti comme entrepreneur en construction en Côte d’Ivoire où, installé après sa destitution du pouvoir à Abidjan, il y est victime d’un mystérieux accident de voiture et est évacué à l’Hôpital de Salpêtrière à Paris où il meurt le 27 septembre 1969. Et c’est près de 13 ans plus tard qu’Antoine MEATFCHI, est arrêté pour cette ténébreuse affaire de silos.

Torturé depuis le 18 janvier 1984, il est finalement mis à la diète noire (privation d’eau et de nourriture pendant une longue période), par le tristement célèbre Yoma Narcisse DJOUA, alors capitaine de l’armée togolaise et préfet de l’Oti qui régit d’une main de fer cette prison, et meurt le 26 mars 1984 au terme d’une dizaine de jours de cet traitement cruel, inhumain et dégradant.

Son décès est alors mensongèrement imputé par les autorités togolaises à un « infarctus ».

MEATCHI avait été tellement amoché par les mauvais traitements qu’il a subis en détention que son corps, qui n’était pas présentable et n’a donc pas pu être remis à sa famille, a été enterré par les prisonniers alors qu’en sa qualité d’ancien vice-président, il avait le statut d’ancien chef d’Etat-adjoint !


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